Avec : Aguilera Eladio, Allain Pierre, Barget Jade*, BarĂłn AndrĂšs, Beauquesne Jimmy, Benslimane Sarah, Besset Thomas, Big Apple Bruxelles*, Bonopera Margaux & Carobolante Jean-Baptiste*, Bouteille Flora, Brout EÌmilie & Marion Maxime, Caballero ClĂ©ment*, Juthier Camille, Carlier Loucia, Casciani TheÌo, Champenois Antoine*, Chatenet Tom, Cohen Lou, DarrĂ© Corentin, Dochniak Antoine, DonzeÌ Natacha, Dofny Joseph, Elanga Rashiyah, Kauffmann Chris, Fauroux Lou, Feuvrier Charles-Arthur, Figure Figure*, Fromont Quentin, Guislain Nora, Lach Linda, Lacoustille MaĂŻa, liebot audrey, Maignan Liza*, Moncet Romain, MonopĂŽle*, NguyĂȘn LĂȘ HoĂ ng, Oberto Lou, OtoviÄ Talita, Pettenati Mathis, Pirelli Giancarlo, Poncin Marilou, Rivalier ClĂ©mence, Riviera Emma, Topolanski JosĂ©phine, Vantey Lucien, Vossier Thily, Wang YuyanâŠ
*invitĂ©.es en qualitĂ© de commissaires ou de projets indĂ©pendantsÂ
Commissariat : Jeanne Turpault & Gaspar Willmann
Dix ans aprĂšs sa fermeture pour travaux et rĂ©novation, l'iconique Cabinet Institute, ancien MusĂ©um national d'Histoire naturelle de la ville de Paris, rĂ©ouvre enfin ses portes au public avec une manifestation dâampleur : une exposition qui prĂ©sente une cinquantaine dâartistes et de projets internationaux, rĂ©partie sur deux façades de 10 Ă©tages, 60 salles et un rooftop, le tout sur une surface totale de 3 mÂČ.
Ce dĂ©fi curatorial sâaccompagne dâune volontĂ© de refonte de la politique de lâinstitution, un geste fort de la direction qui entend « penser grand en faisant minuscule » et « faire collectif sans risquer la rencontre », abordant avec radicalitĂ© les notions dâĂ©cologie de lâattention et dâĂ©conomie de moyens, si chĂšres au champ culturel.Â
Sâinspirant des modĂšles dâinstitutions fictionnelles de Marcel Broodthaers et de Wesley Meuris, comme critique des dynamiques de pouvoir des structures musĂ©ales et pour lâinventivitĂ© de leurs dispositifs artistiques, les membres du comitĂ© scientifique et lâĂ©quipe se sont rĂ©uni·es pendant 80 jours Ă lâintĂ©rieur du Cabinet. Leur objectif : dĂ©finir les grandes orientations stratĂ©giques et la vision artistique du lieu Ă lâhorizon 2025-2026.
De cette rĂ©flexion en huis-clos est nĂ©e une premiĂšre exposition oĂč « rien ne se donne Ă voir ». CachĂ©e aux regards des visiteur·euses, chaque porte du Cabinet dissimule une proposition, que seule une clĂ© dâaccĂšs, confiĂ©e Ă un·e mĂ©diateur·ice, peut dĂ©voiler. Tour Ă tour stockage, bureau, scĂšne, cachette, les 60 salles du Cabinet accueillent un dĂ©dale dâartefacts et de rĂ©cits dont lâimagination nâa pas idĂ©e.
Ici, ni feuille de salle, ni cartels, mais un systĂšme dâĂ©tiquetage mentionnant le nom des artistes accompagnĂ© dâun code. Ce choix par dĂ©faut est dĂ» au refus des curateur·ices dâĂ©crire sur des piĂšces dont le caractĂšre « trop inconnu et trĂšs imprĂ©visible reprĂ©sente un vrai risque pour la pensĂ©e ». Sous la pression de lâopening et du jugement public â car une Ćuvre sans discours est-elle encore une Ćuvre ? â la direction sâest rĂ©solue Ă recycler le vieux systĂšme de nomenclature hĂ©ritĂ© du MusĂ©um, datant de prĂšs dâun siĂšcle. Ce qui nâest pas sans incidence, maisâŠÂ
Sans doute que le vĂ©ritable sens de l'exposition est Ă chercher ailleurs. Dans une intimitĂ© retrouvĂ©e Ă lâart.
Ă lâheure oĂč lâinstallation design et technologique, les concepts dâhumeur et de fluiditĂ©, mĂ©diatisent notre expĂ©rience artistique, Cabinet Institute cherche Ă rĂ©introduire le dĂ©sir et lâintime dans la relation de proximitĂ© des spectateur·rices Ă l'Ćuvre. Cabinet nâest pas un environnement dans lequel on sâimmerge ; il se prĂ©sente comme un morcellement dâimages et dâimpressions sensibles devant ĂȘtre intentionnellement saisi.
Quant Ă son Ă©quipe â que vous aurez la chance de croiser au vernissage si elle daigne sây rendre â elle rappelle par son geste, que le lieu dâart et lâĂ©criture dâexposition sont le jeu de processus forts contraignants oĂč lâalĂ©atoire, Ă©voquant le « hasard objectif » surrĂ©aliste (ce prĂ©cipitĂ© du dĂ©sir qui advient par la somme de coĂŻncidences signifiantes), a parfois toute sa place.
Jeanne Turpault