ARTAGON PANTIN

18 January 25 to 15 March 25

CABINET INSTITUTE

with JJ Von Panure

Avec : Aguilera Eladio, Allain Pierre, Barget Jade*, BarĂłn AndrĂšs, Beauquesne Jimmy, Benslimane Sarah, Besset Thomas, Big Apple Bruxelles*, Bonopera Margaux & Carobolante Jean-Baptiste*, Bouteille Flora, Brout Émilie & Marion Maxime, Caballero ClĂ©ment*, Juthier Camille, Carlier Loucia, Casciani Théo, Champenois Antoine*, Chatenet Tom, Cohen Lou, DarrĂ© Corentin, Dochniak Antoine, Donzé Natacha, Dofny Joseph, Elanga Rashiyah, Kauffmann Chris, Fauroux Lou, Feuvrier Charles-Arthur, Figure Figure*, Fromont Quentin, Guislain Nora, Lach Linda, Lacoustille MaĂŻa, liebot audrey, Maignan Liza*, Moncet Romain, MonopĂŽle*, NguyĂȘn LĂȘ HoĂ ng, Oberto Lou, Otović Talita, Pettenati Mathis, Pirelli Giancarlo, Poncin Marilou, Rivalier ClĂ©mence, Riviera Emma, Topolanski JosĂ©phine, Vantey Lucien, Vossier Thily, Wang Yuyan


*invité.es en qualité de commissaires ou de projets indépendants 

Commissariat : Jeanne Turpault & Gaspar Willmann

Dix ans aprĂšs sa fermeture pour travaux et rĂ©novation, l'iconique Cabinet Institute, ancien MusĂ©um national d'Histoire naturelle de la ville de Paris, rĂ©ouvre enfin ses portes au public avec une manifestation d’ampleur : une exposition qui prĂ©sente une cinquantaine d’artistes et de projets internationaux, rĂ©partie sur deux façades de 10 Ă©tages, 60 salles et un rooftop, le tout sur une surface totale de 3 mÂČ.

Ce dĂ©fi curatorial s’accompagne d’une volontĂ© de refonte de la politique de l’institution, un geste fort de la direction qui entend « penser grand en faisant minuscule » et « faire collectif sans risquer la rencontre », abordant avec radicalitĂ© les notions d’écologie de l’attention et d’économie de moyens, si chĂšres au champ culturel. 

S’inspirant des modĂšles d’institutions fictionnelles de Marcel Broodthaers et de Wesley Meuris, comme critique des dynamiques de pouvoir des structures musĂ©ales et pour l’inventivitĂ© de leurs dispositifs artistiques, les membres du comitĂ© scientifique et l’équipe se sont rĂ©uni·es pendant 80 jours Ă  l’intĂ©rieur du Cabinet. Leur objectif : dĂ©finir les grandes orientations stratĂ©giques et la vision artistique du lieu Ă  l’horizon 2025-2026.

De cette rĂ©flexion en huis-clos est nĂ©e une premiĂšre exposition oĂč « rien ne se donne Ă  voir ». CachĂ©e aux regards des visiteur·euses, chaque porte du Cabinet dissimule une proposition, que seule une clĂ© d’accĂšs, confiĂ©e Ă  un·e mĂ©diateur·ice, peut dĂ©voiler. Tour Ă  tour stockage, bureau, scĂšne, cachette, les 60 salles du Cabinet accueillent un dĂ©dale d’artefacts et de rĂ©cits dont l’imagination n’a pas idĂ©e.

Ici, ni feuille de salle, ni cartels, mais un systĂšme d’étiquetage mentionnant le nom des artistes accompagnĂ© d’un code. Ce choix par dĂ©faut est dĂ» au refus des curateur·ices d’écrire sur des piĂšces dont le caractĂšre « trop inconnu et trĂšs imprĂ©visible reprĂ©sente un vrai risque pour la pensĂ©e ». Sous la pression de l’opening et du jugement public – car une Ɠuvre sans discours est-elle encore une Ɠuvre ? – la direction s’est rĂ©solue Ă  recycler le vieux systĂšme de nomenclature hĂ©ritĂ© du MusĂ©um, datant de prĂšs d’un siĂšcle. Ce qui n’est pas sans incidence, mais
 

Sans doute que le vĂ©ritable sens de l'exposition est Ă  chercher ailleurs. Dans une intimitĂ© retrouvĂ©e Ă  l’art.

À l’heure oĂč l’installation design et technologique, les concepts d’humeur et de fluiditĂ©, mĂ©diatisent notre expĂ©rience artistique, Cabinet Institute cherche Ă  rĂ©introduire le dĂ©sir et l’intime dans la relation de proximitĂ© des spectateur·rices Ă  l'Ɠuvre. Cabinet n’est pas un environnement dans lequel on s’immerge ; il se prĂ©sente comme un morcellement d’images et d’impressions sensibles devant ĂȘtre intentionnellement saisi.

Quant Ă  son Ă©quipe — que vous aurez la chance de croiser au vernissage si elle daigne s’y rendre — elle rappelle par son geste, que le lieu d’art et l’écriture d’exposition sont le jeu de processus forts contraignants oĂč l’alĂ©atoire, Ă©voquant le « hasard objectif » surrĂ©aliste (ce prĂ©cipitĂ© du dĂ©sir qui advient par la somme de coĂŻncidences signifiantes), a parfois toute sa place.

Jeanne Turpault